À la frontière de deux mondes : le littoral rocheux

La végétation de notre Terre s’organise dans le sens vertical selon un phénomène d’étagement. Mais alors qu’en montagne, dans les Alpes par exemple, chaque étage s’étend sur des centaines de mètres de dénivelée, sur le littoral rocheux de Méditerranée c’est sur quelques mètres, décimètres, voire parfois centimètres, que se manifeste la zonation verticale de la vie végétale.

Ici, on ne connaît pas les marées lunaires, mais de faibles marées barométriques, de l’ordre de quelques dizaines de centimètres seulement, qui de surcroit n’obéissent à aucun rythme précis.

L’étage étroit qui s’inscrit entre les niveaux des eaux les plus hautes et des plus basses est dit médiolittoral. En dessous vient l’étage infralittoral, toujours immergé, et au-dessus létage supralittoral, encore marin car atteint par les vagues dès que la mer se fâche un peu.

« Trottoir » médiolittoral – (CC) Michel AUTEM / APG.

Plus haut encore, on distingue un étage dit littoral terrestre, lui-même divisé en plusieurs niveaux. Il débute en bas par un no man’s land, se poursuit avec une ceinture à Criste marine (ombellifère charnue), puis une ceinture à Cinéraire maritime (Jacobaea maritima). Enfin une brousse odorante à Myrte (Myrtus communis) et Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) assure la transition avec le maquis ou la forêt.

À partir de là, la mer n’influe plus sur l’identité des plantes, mais elle exerce encore sa tyrannie sur leur aspect, en sculptant les avant-postes de la forêt, taillés en brosse.

Une promenade le long du sentier littoral, des « pieds dans l’eau » à la pointe de la Badine jusqu’au bas, plus « sportif », des falaises d’Escampobariou, permet d’observer pleinement ces formations.

Les ceintures littorales marines sont serrées et colorées. Elles diffèrent d’un secteur de côte à un autre, selon le degré d’agitation, l’éclairement, ou encore la santé des eaux.

Observation à Giens des ceintures marquant les étages littoraux – (CC) Pierre VIGNES / APG.

Sur l’exemple choisi, on distingue clairement cinq ceintures. Il n’est pas question ici de les décrire en détail. On notera seulement quelques tendances. La ceinture « 1 » est recouverte d’une pellicule d’algues microscopiques, là où la roche paraît nue. La « 2 » n’est occupée que par des algues temporaires qui meurent l’été. La « 3 » est revêtue par une algue blanche vivace, mais pas plus épaisse qu’une couche de laque. La « 4 » et la « 5 » acceptent des algues à la fois plus volumineuses et plus vivaces. Dans la « 5 » cohabitent des algues en pompons, de plusieurs couleurs et sans parenté entre elles. L’amélioration des conditions de vie aquatiques culmine encore plus bas sous l’eau avec l’herbier de Posidonie.

Michel AUTEM & Pierre VIGNES